Pornographie et hypersexualisation by Richard Poulin

Pornographie et hypersexualisation by Richard Poulin

Auteur:Richard Poulin [Poulin, Richard]
La langue: fra
Format: epub
Tags: BIB essais
Éditeur: Éd. L'Interligne
Publié: 2008-01-05T23:00:00+00:00


Complicité pornographique

Un produit mis en vente ne donne satisfaction à un consommateur que si ce dernier y trouve son compte. Consommer de la pornographie, c’est bien plus que la regarder, c’est y participer. C’est ressentir de l’excitation sexuelle et se masturber. La pornographie qui « marche » stimule sexuellement le consommateur. Cette complicité du consommateur avec le produit n’est évidemment pas spécifique à la pornographie. On la retrouve dans tous les phénomènes de consommation. Mais si la « complicité » n’est pas un mode de consommation spécifique à la pornographie, il n’en reste pas moins qu’elle la marque fortement par ses effets sur la libido. Sans elles, la pornographie n’a plus de sens. Elle est l’un des constituants essentiels de sa réception.

La pornographie ne tient pas sa capacité d’envoûtement à la seule présence des images, mais à leur organisation spécifique, à leur structuration particulière. Cette structuration est profondément sexiste, elle fait l’éloge de la virilité et de la soumission des femmes et des enfants au plaisir masculin. Le corps pornographique est rabaissé à un statut infra humain, d’où les références constantes à l’animalité. Pour Penthouse, la femme du mois exposée dans les pages centrales du magazine, est une « pet », c’est-à-dire un animal de compagnie. Pour Playboy, les femmes sont des « bunnies », des Jeannot lapins. Les femmes sont, en outre, des « poulettes », des « chiennes », des « vipères », etc. Ce processus d’animalisation est également en œuvre pour les enfants qui, dans la pornographie, sont qualifiés de « chicken », tandis que les prédateurs sont pour leur part des chicken hawks (des faucons à poulets).

Dans la pornographie, les femmes sont offertes aux mâles, – regards aguichants, poses suggestives, lèvres humides et entrouvertes – à ces vrais hommes qui sauront les conquérir et les mater. Les femmes existent non seulement pour le plaisir des hommes, mais elles sont les êtres qui prouvent leur virilité. L’empire Playboy s’est construit en exploitant justement la figure mythique du play-boy. Ce dernier réussit à posséder des femmes aussi facilement que tout autre bien de consommation. Il plaît, il séduit, il conquiert. Il se distingue de la masse des autres hommes en leur étant supérieur. Étant irrésistible, follement séduisant, d’une virilité prodigieuse, le play-boy peut exercer sa supériorité naturelle sur les femmes prêtes à tout pour lui. La femme n’est rien si le maître séducteur, viril et supérieur ne daigne pas baiser avec elle. Même le viol devient une faveur. Le play-boy a de l’argent et du prestige social. Son pouvoir de séduction et de conquête n’est en fait qu’un signe extérieur et une consécration de sa réussite sociale. Le play-boy doit toutefois se défendre des femmes qui veulent nécessairement lui mettre le grappin dessus. Pour se protéger d’elles, il doit les discipliner et les dominer. Ce discours originel est fondateur de la pornographie contemporaine ; tous les mythes analysés dans ce chapitre sont déjà en germe dans les premiers numéros du magazine. Ils connaîtront au fil du temps une



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